Une étude récente prévoit que le seuil de réchauffement climatique de 1,5 degré Celsius, un seuil critique fixé par l’ Accord de Paris de 2015, sera probablement dépassé au cours de cette décennie. Cette projection, qui souligne un rythme accéléré du changement climatique, émerge d’une recherche menée par des scientifiques de la NASA et de l’Université de Columbia, et présente de sombres perspectives pour les prochaines négociations sur le climat de la COP28.
Les résultats suggèrent que l’objectif de plafonner le réchauffement à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels devient de plus en plus inaccessible, un sentiment repris par Reuters. Le document souligne que malgré les engagements internationaux, la majorité des scénarios d’émissions présentés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies prévoient un dépassement de la barre des 1,5 °C au cours des années 2030.
James Hansen, de l’Earth Institute de l’Université de Columbia, un pionnier dans la sensibilisation précoce à l’effet de serre, a carrément déclaré que l’objectif de 1,5°C était une cause perdue. Il a critiqué la communauté scientifique pour ne pas avoir correctement fait comprendre l’urgence de la situation aux décideurs politiques.
Les implications de cette recherche sont profondes, car la planète a déjà connu un réchauffement de près de 1,2°C par rapport aux températures préindustrielles. Le rapport a suscité un débat parmi les experts du climat, Michael Mann de l’Université de Pennsylvanie contestant ses conclusions comme étant «tout à fait hors du commun» dans son article de blog.
Cette étude controversée s’aligne sur les tendances récentes en matière de conditions météorologiques extrêmes, positionnant 2023 comme potentiellement l’année la plus chaude jamais enregistrée, intensifiant encore les discussions en vue du prochain sommet des Nations Unies sur le climat à Dubaï. L’étude, publiée dans la revue Oxford Open Climate Change, souligne deux raisons principales pour expliquer ces sombres prévisions. Premièrement, il soutient que le climat de la Terre est plus sensible aux niveaux de dioxyde de carbone qu’on ne le pensait auparavant.
L’estimation prudente du GIEC d’une augmentation de 3°C due au doublement du dioxyde de carbone est peut-être trop faible, de nouvelles évaluations de données climatiques anciennes suggérant une augmentation possible de près de 4,8°C. Les niveaux de dioxyde de carbone sont déjà passés de 280 parties par million (ppm) à l’époque préindustrielle à environ 417 ppm aujourd’hui.
En outre, le rapport avance que les progrès de la Chine dans la réduction de la pollution atmosphérique, principalement due aux centrales à charbon, et les efforts mondiaux visant à réduire les émissions du transport maritime, bien que bénéfiques pour la santé, pourraient par inadvertance accélérer le changement climatique. La réduction des aérosols, qui réfléchissent le rayonnement solaire, peut conduire à un effet de réchauffement plus rapide.
Mann conteste la sous-estimation de la sensibilité du climat et l’importance de la diminution des émissions de dioxyde de soufre sur le changement climatique. Pourtant, d’autres, dont Klaus Hubacek de l’Université de Gronigen, reconnaissent l’accélération des tendances climatiques, s’alignant sur des études récentes qui suggèrent qu’atteindre zéro émission nette d’ici 2034 est essentiel pour maintenir le seuil de 1,5°C.